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En réanimation, des tablettes pour maintenir le contact entre les patients et leurs proches

le 07/05/2020

Alors que les recommandations gouvernementales demandent aux Français de poursuivre leurs efforts de confinement, les patients pris en charge dans les établissements de santé souffrent de leur isolement. Des solutions ont donc été développées… avec succès !

À l’initiative du docteur Cyril Goulenok, l’hôpital privé Jacques Cartier (Massy, Ile-de-France) a déployé un dispositif important de communication par visio-conférence entre les patients et leurs familles. Grâce à des tablettes numériques, déplacées de chambre en chambre par des médecins, le lien a ainsi été conservé malgré les restrictions de visites. Une initiative qui n’aurait pas pu voir le jour sans la coordination et l’effort sans faille de toute l’équipe.

 

Un soutien moral pour les patients... et les soignants

Avant la pandémie, l’hôpital Jacques Cartier permettait aux familles de rendre visite à leurs proches 24h/24h et 7 jours sur 7. Du jour au lendemain, ce fonctionnement a totalement été transformé. « Nous avons subi un changement de paradigme, raconte Cyril Goulenok, réanimateur en médecine intensive à l’hôpital. La fermeture quasi-totale de l’hôpital et l’interruption des visites ont été très dures pour les patients, cela a été très déstabilisant. Les soignants qui avaient l’habitude d’accueillir ces familles, assister à des moments de retrouvailles ont aussi été affectés ».

Heureusement, l’hypothèse de la fermeture des portes aux visiteurs avait été anticipée, aux prémices du pic pandémique. « Nous nous étions préparés. Il fallait donc imaginer un dispositif permettant de maintenir le lien mais également les ressources humaines suffisantes pour en assurer le fonctionnement ».

Sur la base de trois segments d’étude, Cyril Goulenok et son équipe ont alors imaginé le protocole le plus optimal, compte tenu des mesures exceptionnelles qui s’imposent aux établissements de santé.  « Nous nous sommes demandés comment communiquer avec les familles malgré la charge de travail exceptionnelle, quel dispositif pourrait être établi et que faire en cas de force majeure, lorsqu’un patient est en fin de vie ».

Alors assez naturellement, l’idée des tablettes est apparue, permettant à la fois aux patients d’entendre mais également de voir des visages familiers. Grâce à ces outils, trois objectifs : « montrer l’environnement dans lequel le patient évolue, permettre des échanges avec celui-ci, mais aussi présenter les soignants qui s’en occupent. C’est très important de pouvoir mettre un visage sur la personne qui prend soin de ses proches hospitalisés », explique Cyril Goulenok. Maintenir ce lien a été un véritable soulagement pour les proches qui ont pu entrer virtuellement dans le service. « Nous avons pu remettre de l’humain dans ce quotidien hyper-technologique et aseptisé. Des moments très chargés en émotion en ont découlé... ». 

 

Une mobilisation générale des équipes

C’est avec beaucoup de réactivité que le médecin réanimateur est parvenu à rassembler le matériel nécessaire, en moins d’une semaine. « Deux laboratoires pharmaceutiques ont accepté de nous prêter 37 tablettes. Elles ont été configurées par notre service informatique, et notre cellule Massy Lien Famille a regroupé les identifiants des proches », décrit Cyril Goulenok.

Un protocole a ensuite détaillé la marche à suivre pour tous les collaborateurs impliqués dans l’opération : les annotations des médecins réanimateurs et les créneaux de rendez-vous visio sont consignés dans un tableau d’information. Puis, lorsque le moment est venu, la tablette est apportée au patient et l’échange peut démarrer.

Une dizaine de spécialistes « au chômage forcé » se sont proposés spontanément pour assurer ces mises en relation. « Nous avons des chirurgiens cardiaques, plasticiens, ophtalmologues, gynécologues qui ont participé... Ils ont été supers ! Après une formation expresse sur la stratégie de discussion et la sémantique particulière, tout a très bien fonctionné. Communiquer avec les familles est notre prérogative… ».

Dès que possible, l’hôpital reviendra à un fonctionnement classique, basé sur un accès autorisé 24h/24 pour les visites. Toutefois le succès de ce dispositif de « visio lien », a donné des idées au personnel de l’établissement. « Nous allons garder ce système pour les familles éloignées. L’utilisation sera moins fréquente mais toujours pertinente pour maintenir ce lien essentiel », conclut Cyril Goulenok. Une manière positive de tirer parti de l’expérience Covid-19.