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L’hypnose par réalité virtuelle: l’anesthésie sans sédatif ni angoisse

le 03/12/2019

L’hypnosédation par immersion en réalité virtuelle pourrait, petit à petit, remplacer l’utilisation de certains anesthésiques, susceptibles de provoquer complications et effets indésirables. Frédéric Le Saché, anesthésiste à la Clinique Jouvenet (Paris), nous explique les bienfaits de cette technologie pour le patient et pour l’établissement.

Comment est perçue l’anesthésie traditionnelle ?

Le développement de la chirurgie orthopédique sous anesthésie loco-régionale a entraîné de nombreuses angoisses sur la perception du geste chirurgical, dues au fait de voir, entendre et sentir. 

Pour quelle raison ?

En général, les techniques d’anesthésie reposent sur l’association de l’anesthésie loco-régionale et l’administration médicamenteuse à visée anxiolytique (sédation). C’est la sédation qui peut provoquer des effets secondaires : dépression respiratoire, amnésie, confusion, agitation, somnolence, nausées, erreurs médicamenteuses… En per-opératoire, elle entraîne une augmentation des complications qui peuvent avoir un impact sur le déroulé du parcours des patients. 

En quoi consiste l’hypnosédation par immersion en réalité virtuelle ?

De nombreuses sociétés commerciales (OnComfort, Deepsen, hypnoVR, Healthy Mind…) développent actuellement des dispositifs de lunettes virtuelles associées à des logiciels immersifs d’hypnothérapie. Ainsi, avec le casque de réalité virtuelle, le patient peut choisir l'univers visuel qui l'apaise le plus. Il écoute des textes écrits par des médecins et lus par des comédiens professionnels, d'une durée adaptée à l'intervention, qui le font entrer dans un état de semi conscience. Peu à peu, la perception de l’environnement diminue. 

Quel est l’impact sur le patient ? Et par extension, sur l’établissement ? 

En plus de diminuer le stress, cette technique permet de remplacer des anesthésies générales par des anesthésies locales sur les patients fragiles, les enfants ou les personnes âgées. Divers bénéfices sont à mettre en relief : la sortie de l’établissement est plus rapide que lors de la réalisation d’une sédation voire d’une anesthésie générale. La consommation de sédatifs et de morphiniques baisse, tout comme les effets secondaires (nausées, troubles de la mémoire…) et les complications (risques cardio-vasculaires, allergiques…). Cela permet également de libérer des lits pour les prochains patients. En effet, le décret relatif à la surveillance post-interventionnelle (SSPI) et à la visite pré-anesthésique souligne qu’un patient peut éviter le séjour en SSPI si "l’intervention a été réalisée sans incident préopératoire sous anesthésie topique seule ou sous anesthésie locorégionale périphérique sans anesthésie ni sédation intraveineuses associées". 

Que souhaiteriez-vous pour la Clinique Jouvenet ?  

Les anesthésistes souhaitaient pouvoir disposer d’un système immersif hypnotique afin de limiter le recours aux traitements médicamenteux et ainsi faciliter le parcours des patients. L’obtention de 5 modules de réalité virtuelle (Healthymind™, Gamida™) va nous permettre de continuer à développer des parcours innovants par leur simplification et par le respect de l’autonomie du patient. Trajet vers le bloc opératoire effectué debout par le patient, diffusion de musique dans les lieux de réalisation des actes anesthésiques, construction d’une salle d’arrivée et de sortie assise au sein du bloc opératoire, réalisation d’anesthésies loco-régionales permettant la déambulation (WALANT) font partie des nouveautés mises en place ces 3 dernières années à la clinique. La mise à disposition de ces casques montre notre volonté de replacer le patient au centre de la prise en charge et d’adopter une pratique médicale moderne.