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Une solution fiable aux problèmes d’érection

le 21/11/2020

L’impuissance sexuelle est un trouble qui touche près de 3,5 millions d’hommes en France, généralement âgés de plus de 40 ans et majoritairement de plus de 70  ans. Pour y remédier, plusieurs solutions existent, dont la pose de prothèses péniennes. Zoom sur une technique efficace et méconnue.

 

La dysfonction érectile désigne chez l’homme l’incapacité répétée à avoir ou maintenir une érection. « Lorsque ça arrive, c’est source d’angoisse et de complexes », explique le Dr Allan Lipsker, chirurgien urologue à l’Hôpital privé du Vert Galant (Île-de-France). Plusieurs alternatives sont possibles pour y faire face :

  • La prise de traitements médicamenteux
  • L’injection intra caverneuse (injection dans la verge) d’une molécule vasodilatatrice
  • La pose d’un implant pénien

 

Alors que les deux premières solutions sont couramment proposées aux hommes souffrant de dysfonction érectile, la pose de prothèses péniennes n’est toujours pas entrée dans les mœurs alors qu’elle offre des résultats probants !

 

Méconnaissance des implants péniens

Seulement 613 implants péniens ont été posés en France en 2013[1]. Le nombre d’implants posés en France augmente doucement mais sûrement, en effet celui a doublé en dix ans. Toutefois ce nombre reste dix fois inférieur aux chiffres constatés aux États-Unis, lorsqu’on le rapporte au nombre d’habitants. « Il existe probablement des raisons culturelles expliquant cette différence, mais cela n’explique pas tout… » affirme de Dr Lipsker Allan.

La santé sexuelle est une priorité de santé publique[2]. Cependant une grande partie des médecins n’abordent pas la question de la sexualité avec les patients. D’après le sexologue Arnaud Zeler, seuls 30 % des médecins généralistes déclarent avoir déjà abordé la question de la sexualité en consultation. La raison première est la peur de s’immiscer dans l’intimité du patient. Par ailleurs, l’implant pénien est peu connu des médecins généralistes, mais également d’autres spécialistes. En effet, selon le Professeur Droupy (CHU de Nîmes) seul 10 % des urologues français posent des implants[3].

 

Qui peut bénéficier d’un implant pénien ?

Les sociétés savantes sont très claires : « Tout patient souffrant d’un trouble de l’érection ayant une cause médicale identifiée et ne répondant pas ou mal aux traitements médicamenteux, qui cherche une solution permanente » nous explique le Dr Lipsker Allan. « La pose d’un implant pénien est irréversible, on ne peut revenir en arrière, l’indication doit être parfaite » complète le docteur Karim Fehri (urologue à Sens).

Les implants sont par ailleurs pris en charge par la sécurité sociale lorsque l’indication est posée. Chaque implant vaut 2916 euros[4]. Selon le Dr Lipsker, « Les patients qui nous consultent ont en moyenne 60 ans et souffrent de dysfonctions érectiles réfractaires à tous les traitements depuis 3 ans en moyenne. Il s’agit de patients désespérés avec une épouse le plus souvent compréhensive. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour évoquer l’implant pénien avec le patient, mais le présenter rapidement comme un élément supplémentaire de l’arsenal thérapeutique ».

 

Un risque infectieux maîtrisé

L’intervention est rapide environ 1h30 et la durée d’hospitalisation d’une nuit en règle générale. L’implant sera activé en général à 6 semaines de l’intervention afin de permettre une bonne cicatrisation et éviter l’infection, risque majeur de l’intervention.

D’après le Docteur Karim Fehri, « L’imprégnation en antibiotique de l’implant depuis 2001 a permis de réduire de façon importante les infections post-opératoires du dispositif et donc aussi le taux d’explantation. Le taux d’infection post-opératoire est maintenant faible :  entre 0,5 et 3 % pour une équipe entrainée »[5].

 

L’objectif est de reprendre du plaisir mais aussi d’en donner

Pour le Docteur Allan Lipsker « L’implant pénien doit être présenté comme un moyen de reprendre du plaisir ». Le taux de satisfaction global des patients est relativement élevé (entre 85 et 97 %) selon les études[6],[7], bien plus élévé que les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 comme le viagra (51%) ou les injections intra- caverneuses (40%). Les conjointes sont elles aussi en majorité satisfaites du dispositif (80%)[8].

Pour le Dr Karim Fehri, « Il faut insister sur le risque infectieux qui n’est pas nul et les moyens d’y remédier ainsi que les problèmes mécaniques qui peuvent survenir. » La durée de vie d’un implant est d’environ 10 à 15 ans. Lorsque les problèmes mécaniques apparaissent avec le temps, une révision est alors nécessaire.

Questions-réponses sur des idées préconçues

  • Vais-je avoir mal ? Un peu après l’opération, mais rapidement on ne sent plus l’implant. Il fait partie de soi.
  • Vais-je lui faire mal ? Pas plus qu’avec une verge sans implant.
  • Est-ce que je vais sonner à l’aéroport ? Non, il n’y a aucun composant métallique dans l’implant.
  • Est-ce que je vais rester tout le temps en érection ? Non car l’implant peut se gonfler et dégonfler rendant la verge complètement flacide.
  • Vais-je avoir mal en urinant ? Non, les implants sont posés dans les corps caverneux. L’urètre n’est pas concerné.

 

 

 


[1] Lipsker A & al. Progrès en Urologie. 2016 Sep; 26(9) : 485-91. Évolution du nombre et du type de prothèses péniennes posées en France pour dysfonction érectile : analyse des données nationales de codage pour la période 2006–2013

[2] Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Santé sexuelle et reproductive. Avis du 02/03/2016. hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=551

[3] L’implant pénien, une solution sûre au problème d’érection, Le figaro santé( 2018), Stephane Droupy

[4] Prothese AMS 700 laboratoire Boston Scientific

[5] Mulcahy & al. European Urology. 2011, 60, 167-172 Long-Term Infection Rates in Diabetic Patients Implanted With Antibiotic-Impregnated Versus Nonimpregnated Inflatable Penile Prostheses: 7-Year Outcomes

[6] Natali & al. J. sex med 2008 Jun;5(6):1503-12 Penile implantation in Europe: successes and complications with 253 implants in Italy and Germany.

[7] Lux M. & al. J Urol. 2007 Jan;177(1):262-6. Outcomes and satisfaction rates for the redesigned 2-piece penile prosthesis.

[8] Hellstrom WJ & al. J Sex Med. 2010 Jan;7(1 Pt 2):501-23 Implants, mechanical devices, and vascular surgery for erectile dysfunction