Dr David Brauge, opère les petits et les très grands chocs des sportifs

Expert des pathologies liées à la pratique des sports à risque, le Dr David Brauge livre un aperçu de son métier de neurochirurgien au sein de la Clinique des Cèdres (Ramsay Santé) situé à Cornebarrieu (Haute-Garonne). Portrait.
 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quelle est votre spécialité ?

Je suis le Dr David Brauge, neurochirurgien à la Clinique des Cèdres (Ramsay Santé) en banlieue de Toulouse. Je prends en charge des patients porteurs d’une pathologie du cerveau, de la moelle épinière ou du dos au sein d’une équipe de sept chirurgiens. Nous avons tous une expertise complémentaire, la mienne est celle des problématiques liées au sport.

En parallèle de cette activité clinique, j’ai une activité de chercheur associé à l’INSERM où je me concentre sur le sujet des traumatismes crâniens liés à la pratique sportive. J’anime ainsi de nombreuses conférences de formations sur cette thématique. En tant qu'expert national dans le domaine du traumatisme crânien du sportif, je suis membre du comité médical de la Fédération Française de Rugby (FFR), expert pour la Fédération Française de Football (FFF) et le ministère des Sports. Je participe également aux réunions que la Fédération Internationale de Rugby (World Rugby) a mis en place sur ce sujet.
 

Quel a été votre parcours jusqu’ici ?

En 2012, j’ai rédigé une thèse de médecine sur les pathologies affectant la colonne vertébrale des joueurs professionnels de rugby. Ce travail a été récompensé par plusieurs prix et à partir de là, j’ai été identifié comme interlocuteur sur le sujet des pathologies du dos des sportifs, domaine que j’ai développé sur le plan médical, mais également au travers de publications scientifiques.

Peu après, nous avons ouvert une consultation multidisciplinaire centrée sur la spécificité du traumatisme crânien du sportif. Etant l’une des premières en France, ceci nous a valu d’être centre expert pour de nombreuses institutions sportives nationales préoccupées par la question des commotions cérébrales.
 

Comment vous est venue cette envie d’exercer ce métier ?

Ma passion pour la neurochirurgie m’est venue d’un intérêt certain pour les neurosciences mais aussi pour l’aspect humain de ce métier. Nous sommes en effet confrontés régulièrement à des pathologies lourdes, qui peuvent mettre en jeu le pronostic fonctionnel voir vital, très souvent pour des patients relativement jeunes.
 

Concrètement, en quoi consiste votre métier ? Quels types de patients recevez-vous ? Pouvez-vous nous présenter les différentes pathologies neurologiques en lien avec le sport ?

Notre travail consiste à, traiter chirurgicalement des pathologies du cerveau, de la moelle épinière ou du dos.

La spécificité de mon exercice est liée à la prise en compte des attentes d’un patient sportif qui a des questions bien spécifiques : « quand puis-je reprendre une activité sportive après chirurgie crânienne ? » « Les sports de contact sont-ils contre-indiqués après une opération du cerveau ? » « Existe-t-il des techniques chirurgicales spécifiques à appliquer pour la chirurgie du dos d’un sportif ? » Enfin, il existe certaines pathologies neurochirurgicales propres au patient sportif comme l’isthmolyse inflammatoire.

En ce qui concerne la gestion des commotions cérébrales ceci concerne un très large public, puisqu’on estime que 5 millions de licenciés sont exposés en France dans 22 disciplines dont l’équitation, le football, le judo, le handball, le rugby, les sports mécaniques et de glisse, etc. Notre consultation vise à apporter des aides dans la récupération des cas complexes, mais aussi à mettre en place des stratégies de prévention. Enfin, de plus en plus de patients consultent pour des questionnements autour de potentielles séquelles à long terme.
 

Quels sont les principaux motifs de consultation de vos patients ?

Tout d’abord il faut préciser que le sportif ne représente qu’une part mineure de mon activité. Fort heureusement, très peu d’entre eux auront besoin d’un neurochirurgien !

En dehors des problèmes inhérents aux commotions cérébrales, qui relèvent d’une consultation dédiée, la pathologie du dos est un motif fréquent de consultation du sportif. En effet, selon les disciplines, il s’agit d’une partie du corps qui peut-être énormément sollicitée et donc le siège de lésions traumatiques (fractures) mais aussi et surtout, dégénératives (hernies discales et autres pathologies arthrosiques).
 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre quotidien ?

Mon travail, bien que prenant est avant tout passionnant. La neurochirurgie est une discipline exigeante, mais la plus-value sur la qualité de vie des patients est le plus souvent immédiatement visible. L’implication dans le monde du sport me pousse à me remettre en question en permanence pour m’adapter aux exigences de cette population spécifique. D’autre part, la collaboration avec diverses instances sportives apporte régulièrement de nouvelles questions cliniques. Pour résumer, les journées sont tout sauf monotones.
 

Avez-vous une ou plusieurs anecdotes à nous raconter ?

Parmi mes expériences marquantes, j'ai opéré un champion français de motocross enduro, paraplégique à l'époque, qui a non seulement remarché, mais repris la compétition et ensuite remporté de nouveaux titres. J'ai également opéré un danseur étoile du Capitole de Toulouse, atteint d'une pathologie rare de la moelle épinière, qui a pu reprendre la danse à haut niveau seulement deux mois après la chirurgie. En bref, comme le dit l’un de mes amis : « une chirurgie ordinaire pour des gens extraordinaires ».