Dr Marion Delespierre, médecin du sport et championne du monde de trail

Dans la vie comme dans son métier, Marion Delespierre excelle. Médecin du sport à la Clinique de la Sauvegarde (Ramsay Santé), située à Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes), elle a été sacrée championne du monde de trail en 2023. Portrait d’une passionnée.
 

Comment vous est venue vocation pour la médecine du sport ?

Petite, j’étais très attirée par la médecine. Passionnée de natation, je nageais tous les jours en imaginant ce qu’allait être ma vie future. Je crois que j’ai toujours su que je voulais allier la santé et le sport. C’est donc tout naturellement que je me suis orientée vers des études de médecine, d’abord à Lille, dans le nord de la France dont je suis originaire, puis à Lyon, pour y faire mon internat en médecine générale, spécialisation médecine du sport.
 

Cette année, vous êtes aussi devenue championne du monde de trail. Quel a été votre déclic ?

Avec l’internat et les gardes, je finissais souvent tard, à l’heure où les piscines sont déjà fermées. Fréquenter les bassins devenait pour moi impossible. J’ai dû m’adapter à ce nouveau rythme et trouver une discipline facile à pratiquer sans dépendre d’horaires d’ouverture et de fermeture. La course s’est imposée comme une évidence.

Je me suis très vite prise au jeu, d’abord avec des petites distances – des 10 km et des semi-marathons – puis les premiers résultats sont arrivés et j’ai eu envie d’allonger les distances et de participer à des courses locales, un vrai challenge. J’ai découvert les bienfaits de courir en plein air et de profiter de la beauté de la nature, bien loin de l’hôpital et des bassins.

Quand j’ai préparé la Diagonale des fous en 2019 (principal ultra-trail organisé par l'association Grand Raid à l'île de La Réunion), j’ai décidé de prendre un entraîneur afin de me perfectionner et de profiter d’entraînements de meilleure qualité. Je me suis découvert un esprit de compétition et un fort désir de performance qui m’ont motivée à me lancer le défi fou d’intégrer l’équipe de France.

En juin 2023, je suis devenue championne du monde de trail long (87 km, 6 500 m de dénivelé positif), en Autriche. Une victoire qui m’encourage à aller plus loin.
 

Et comment votre casquette de sportive professionnelle vous aide dans votre quotidien de médecin ?

En tant que médecin du sport, je rencontre essentiellement des sportifs, comme moi, avec qui je partage les mêmes valeurs que celles véhiculées par le sport individuel et collectif. Une force qui me permet de mieux les comprendre, de mieux les accompagner dans leur remise en forme et de partager mes expériences. Je me sens comme un poisson dans l’eau.
 

Comment imaginez-vous ces prochaines années ?

Entre la Clinique de la Sauvegarde et le Centre de médecine du sport de Lyon Gerland, je travaille aujourd’hui près de 45 heures par semaine. Sans compter toutes les heures que je passe dehors à m’entraîner. Ce n’est pas toujours évident, j’accumule beaucoup de fatigue et n’accorde pas le temps nécessaire à ma récupération, pourtant essentielle quand on est une sportive de haut niveau.

Malgré ce rythme intense, j’ai confiance en ma détermination pour mettre, d’un côté, tout mon engagement et mon savoir-faire au service de mes patients, et de l’autre, pour aller chercher de nouveaux titres et de nouvelles médailles. L’aventure avec l’équipe de France continue, et j’espère pouvoir représenter notre pays aux championnats du monde 2025 qui auront lieu dans les Pyrénées espagnoles. En attendant, cap sur les championnats d’Europe en 2024, avec le rêve intime d’aller un jour courir les plus belles courses des États-Unis.