Actualités
5 février : tous concernés par la Journée nationale de prévention du suicide
le 04/02/2022
La Journée nationale de prévention du suicide vise à promouvoir les ressources proposées aux patients souffrant d’idées suicidaires, mais aussi à sensibiliser le grand public à ce sujet tabou. Explications avec le Dr Jacques Catteau, psychiatre à la Clinique de l’Escrebieux (Ramsay Santé), située à Esquerchin (Nord).
La Journée nationale de prévention du suicide vise à promouvoir les ressources proposées aux patients souffrant d’idées suicidaires, mais aussi à sensibiliser le grand public à ce sujet tabou. Explications avec le Dr Jacques Catteau, psychiatre à la Clinique de l’Escrebieux (Ramsay Santé), située à Esquerchin (Nord).
Le suicide peut être défini comme un acte délibéré dont l’intention est de se donner la mort, consciemment et intentionnellement, par un moyen considéré comme létal. « C'est un comportement aux déterminants multifactoriels et le résultat d'une interaction complexe de facteurs psychologiques et biologiques, incluant des facteurs génétiques, culturels et socio-environnementaux », explique le Dr Catteau, psychiatre.
Ainsi, le suicide doit être perçu comme le résultat d'une série de facteurs qui s'accumulent dans l'histoire de l'individu. « C'est la conséquence finale d'un processus que nous appelons "comportement suicidaire", composé de pensées, d’un plan d’action et de l’acte en lui-même », ajoute le spécialiste.
Prévenir le suicide grâce au dépistage précoce
Le dépistage précoce et, par conséquent, la prévention du suicide, est aujourd’hui difficile en raison de la stigmatisation de l’acte et du tabou lié à ce sujet (pour des raisons religieuses, morales et culturelles). « Un tabou ancré dans notre culture ne disparaît pas du jour au lendemain. Pour le combattre, il faut l'effort de tous, au service de la prévention », insiste l’expert en santé mentale. La prévention doit aussi être un mouvement qui prend en compte les aspects biologiques, psychologiques, politiques, sociaux et culturels, dans lesquels l'individu est considéré comme un tout dans sa complexité.
« La prévention du suicide ne se limite pas au réseau de la santé, elle devrait concerner toute la société. Si un individu manifeste une envie de suicide, il est nécessaire de lui venir en aide en adoptant une attitude bienveillante d’écoute et de dialogue, en l’encourageant à recourir aux réseaux d’aide et de soins », ajoute le médecin.
Identifier les personnes à risque suicidaire
Les symptômes ne sont pas toujours visibles, ils sont souvent silencieux. Mais il existe toutefois des signes auxquels chacun peut prêter attention. Parmi eux : les signes verbaux, « notamment lorsqu’une personne évoque l’idée de suicide à l’oral », décrit le Dr Catteau, mais aussi les signes comportementaux « tels que l’isolement, un désintérêt pour les activités quotidiennes, des troubles alimentaires, des traits d’agressivité… », poursuit-il.
Dans d’autres cas, un individu au faible potentiel suicidaire peut faire face à un élément déclencheur puissant, comme un licenciement ou la perte d’un proche. « Ces périodes de stress demandent plus d'attention », ajoute le psychiatre.
Environ 9 000 suicides enregistrés en France en 2019
Environ 9 000 suicides ont été enregistrés en France en 2019 (et plus de 800 000 dans le monde). Ce phénomène concerne de plus en plus les jeunes, puisque « le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les moins de 25 ans (après les accidents de la route) », déclare le professionnel de santé. La France présente un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. « Il s’agit d’un problème de santé majeur qui doit être mis sur la table de communication de la société », insiste le Dr Catteau.
À ce jour, il n’existe aucune statistique officielle permettant d’évoquer une augmentation du taux de suicide en France durant la période de crise sanitaire du Covid-19. Toutefois, plusieurs études démontrent que le sentiment de solitude et de mal-être s’est accentué au sein de la société. « Ce phénomène s’explique notamment par les confinements et les couvre-feux, portant un coup à la vie sociale de milliers d’individus », détaille le médecin.
La pandémie a d’ailleurs permis de révéler l’importance du sujet de la santé mentale, donnant ainsi naissance à plusieurs mesures gouvernementales, telles que le remboursement des consultations de psychologues (dans le cadre d'un forfait de huit consultations remboursées) et la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques dès 2022.
3114 : un nouveau numéro national de prévention du suicide
En cas de détresse psychologique, les patients peuvent joindre le 3114 : un numéro de téléphone gratuit, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 permettant d'échanger avec des professionnels de la santé mentale (psychiatres, infirmiers spécialisés et psychologues).
« Ce nouveau numéro (mis en place le 1er octobre 2021) vise à compléter le système de rappel et de suivi des personnes ayant déjà réalisé une tentative de suicide (connu sous le nom de VigilanS). Mis en place en 2015 dans la région Hauts-de-France (qui enregistre l’un des plus forts taux de suicide en France), VigilanS se déploie actuellement sur tout le territoire français », conclut le Dr Catteau.