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50 ans après la loi Veil, l’accès à l’IVG reste un enjeu majeur

le 16/01/2025

Cinquante ans après la loi Veil, garantir l'accès à l'IVG reste un défi majeur. À la clinique Marcel Sembat (Ramsay Santé) de Boulogne-Billancourt, la création d'un service d'orthogénie complet illustre l'importance de cet engagement. Une initiative qui contribue à faire vivre ce droit fondamental.

Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale, le 26 novembre 1974 © AFP
Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale, le 26 novembre 1974 © AFP

L'histoire commence en 2020. Les docteurs Myriam Mimouni et Nathalie Douay-Hauser, gynécologues obstétriciens, développent le service de chirurgie gynécologique à la Clinique Marcel Sembat (Ramsay Santé). Spécialistes des douleurs pelviennes chroniques, prenant en charge régulièrement des urgences gynécologiques, elles font évoluer l'établissement en un centre de référence pour la santé des femmes. 
La Maison de gynécologie chirurgicale (MGC), créée à proximité de la clinique, compte aujourd'hui cinq praticiens (et plusieurs collaborateurs). Une équipe qui assure une permanence des soins 7j/7. « En 2024, à deux, nous avons déjà reçu près de 10 000 patientes. Avec l'arrivée des autres praticiens, ce nombre va considérablement augmenter », note le Dr Mimouni.

 

Une offre de soins accessible à toutes

Face aux besoins de leurs patientes en orthogénie (des méthodes de planification et de régulation des naissances), l'équipe a décidé d'élargir les soins proposés. « Nous nous sommes rendues compte que cela existait très peu dans le privé », explique le Dr Mimouni. Une initiative soutenue par Elizabeth Frithmann, directrice de la clinique, particulièrement investie dans la prise en charge des femmes. La structure propose à la fois des IVG médicamenteuses au cabinet et chirurgicales à la clinique. « Nous appliquons évidemment les tarifs de la Sécurité sociale, comme à l'hôpital », précise le Dr Douay-Hauser. 
Une particularité essentielle : la clinique accueille les mineures. Une prise en charge cohérente pour cet établissement qui dispose déjà d'une expertise reconnue en pédiatrie.

 

Un accompagnement complet

La prise en charge à la Clinique Marcel Sembat va bien au-delà de l'acte médical. « Nous proposons un accompagnement global », explique le Dr Douay-Hauser. L'établissement dispose d'un service d'imagerie performant et propose un soutien psychologique. « L'ensemble du personnel, des anesthésistes aux équipes soignantes, est particulièrement engagé pour assurer un accueil bienveillant », souligne-t-elle. 
Cette approche holistique attire des patientes de toute l'Île-de-France. La clinique a récemment rejoint le réseau REVHO (Réseau Entre la Ville et l'Hôpital pour l'Orthogénie) pour garantir l'accès à l'IVG dans la région. « Face au manque de structures, c’est un véritable enjeu de santé publique », insiste le Dr Mimouni. « Toutes les bonnes volontés sont nécessaires ! ».


Pour consolider cette approche, la clinique développe activement son maillage territorial avec les médecins libéraux, sage-femmes, généralistes et assistantes sociales. « Notre ambition est de créer un véritable écosystème de soin », explique le Dr Douay-Hauser. Un projet plus ambitieux encore se dessine : la création d'une maison dédiée aux femmes et aux enfants victimes de violences. Une nouvelle étape qui s'inscrit dans la droite ligne du combat pour les droits des femmes mené il y a cinquante ans par Simone Veil.

 

EN SAVOIR PLUS

La loi Veil, 50 ans de progrès pour l'accès à l'IVG

Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale. Son discours pour défendre la légalisation de l'avortement est devenu historique. La loi est adoptée le 17 janvier 1975.

Les évolutions majeures

  • 1975 : Dépénalisation et encadrement médical
  • 1982 : Remboursement par la Sécurité sociale
  • 2001 : Délai légal porté à 12 semaines
  • 2016 : Remboursement à 100%
  • 2022 : Délai porté à 14 semaines
  • 2024 : La France devient le premier pays au monde à inscrire l'IVG dans sa Constitution

Un droit sans conditions

  • Aucune justification à fournir
  • Accessible aux mineures sans autorisation parentale
  • Anonymat possible
  • Ouvert aux femmes étrangères
  • Prise en charge à 100 %

Un enjeu de santé publique

  • Inégalités territoriales persistantes. En 2022, 17 % des IVG étaient pratiquées hors du département des patientes[1].
  • Peu de praticiens pratiquent les IVG. En 2020, 1932 praticiens conventionnés avaient réalisé des IVG en médecine de ville sur l’ensemble du territoire[2].
  • Nombre d'établissements pratiquant l'IVG en baisse : près de 130 centres d’IVG ont fermé leurs portes depuis 15 ans[3].
  • Importance croissante du secteur privé pour garantir l'accès