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Des lectures poétiques au bout du fil à la Clinique du Bois d’Amour
le 22/04/2022
Les artistes du Théâtre « La Colline » (Paris 20ème) proposent des lectures poétiques aux patients, afin de les accompagner durant leur hospitalisation à la Clinique du Bois d’Amour (Ramsay Santé), située à Drancy (Seine-Saint-Denis). Sonia Amazit, psychologue clinicienne, nous explique les bénéfices de cette initiative innovante.
Les artistes du Théâtre « La Colline » (Paris 20ème) proposent des lectures poétiques aux patients, afin de les accompagner durant leur hospitalisation à la Clinique du Bois d’Amour (Ramsay Santé), située à Drancy (Seine-Saint-Denis). Sonia Amazit, psychologue clinicienne, nous explique les bénéfices de cette initiative innovante.
Depuis juin 2021, des artistes participent à la réalisation de lectures poétiques (textes courts, poèmes) par téléphone, auprès de patients hospitalisés à la Clinique du Bois d’Amour. Ce projet baptisé « Au creux de l’oreille » né durant le premier confinement en mars 2020, est proposé depuis 2021 aux structures de soins. « L’objectif de ce projet est d’offrir aux patients un moment d’évasion, une « parenthèse de chaleur » par la richesse et la diversité des textes ainsi que par l’interprétation de l’artiste », explique Sonia Amazit, psychologue clinicienne.
Des lectures poétiques vécues comme un « soin » par les patients
En plus de permettre aux patients de sortir de leur isolement, ces lectures poétiques apportent un apaisement, une détente « grâce à la musicalité et la rythmicité de la voix qui bercent et enveloppent le sujet », souligne Sonia Amazit. « Cela agit comme un calmant qui fait effet même après la lecture », atteste une patiente âgée de 78 ans. « Le patient en ressort revigoré, ressourcé », déclare la professionnelle de santé. Les lectures ont permis à une patiente âgée de 48 ans, souffrant d’un cancer, « de tenir le cap durant sa chimiothérapie, à être plus combative, à se concentrer davantage sur les soins ».
Six autres patients rapportent s’être vus au cœur de l’intrigue : « J’ai vraiment cru être dans l’histoire », raconte une patiente de 58 ans. Une autre patiente âgée de 70 ans raconte avoir « voyagé dans le texte ». « Grâce aux lectures poétiques, le patient fragilisé dans ses repères, dans son corps, fait corps avec la chair du texte, l’enveloppe comme une seconde peau, et impulse du mouvement, un déplacement de lieu, un changement de décors », commente Sonia Amazit.
« Ces lectures ouvrent des perspectives, des horizons », déclare un patient âgé de 80 ans. « Souvent, le patient éprouve un sentiment d’enfermement lié au réel (traitements lourds, maladie grave) auquel il est confronté qui peut être étouffant, écrasant, les lectures ouvrent des horizons, des possibilités, leur permettant d’être à nouveau disponible pour investir les soins, des projets, des loisirs », relate la psychologue.
Cette initiative, qui favorise la plasticité neuronale, égaie également la mémoire et l’imaginaire des auditeurs par le biais de souvenirs d’enfance ou de voyages partagés durant l’échange avec l’artiste. Sonia Amazit, présente à certaines lectures, se souvient de deux patientes, l’une âgée de 60 ans, l’autre de 79 ans, qui se sont mises soudainement à réciter spontanément un poème de Victor Hugo, appris à l’école. « C’est extraordinaire d’être témoin d’une mémoire vivante, c’est véritablement un organe vivant qui s’éveille ! », déclame-t-elle. «C’est l’essence même du projet du théâtre d’insuffler du vivant », poursuit-elle.
Un bénéfice thérapeutique non-négligeable pour les patients. « Ça libère de la maladie, d’un poids », témoigne une patiente âgée de 50 ans. « Ces lectures renforcent et soutiennent les ressources intérieures qui se manifestent par un sentiment de sécurité, par un élan vital, par un désir d’action, d’être acteur dans le soin, d’être en relation, de retrouver une place de sujet désirant » conclut Sonia Amazit.