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Y a-t-il un risque de propagation de la Dengue à la veille des Jeux Olympiques de Paris ?

le 10/07/2024

Alors que Santé publique France alerte sur l’augmentation des cas de Dengue recensés en France métropolitaine depuis début 2024, le Dr Christine Mac Nab, infectiologue au sein de la Clinique Claude Bernard (Ramsay Santé) située à Ermont (Val-d’Oise) fait le point sur cette maladie virale transmise par des moustiques tigre. Éclairage.

Moustique cas de dengue

La Dengue est une infection à arbovirus (famille de virus ayant pour vecteur des moustiques, des tiques ou des phlébotomes). Elle se transmet par des moustiques du genre Aedes, dont le moustique tigre (Aedes albopictus). Cette espèce prédomine en Europe et dans tous les territoires ultramarins de la France. Le virus se divise en quatre sérotypes distincts, numérotés de DEN1 à DEN4, pour lesquels il n'y a pas d’immunité croisée.

« Avec plus de 500 nouveaux cas recensés en France cette année, la Dengue est aujourd’hui considérée comme une maladie ré-émergente. En raison du changement climatique et de l’augmentation des flux de biens et de personnes, la maladie – ou plutôt le moustique vecteur – alors présent dans les régions tropicales et subtropicales, s’est implanté en Europe et en France, créant ainsi un potentiel épidémique important » souligne la spécialiste.

Une maladie virale asymptomatique et peu dangereuse dans la majorité des cas

Dans 50 à 90 % des cas, la Dengue est asymptomatique. Pour les autres qui développent une forme primaire, les symptômes peuvent se caractériser par une forte fièvre, des maux de tête, des douleurs rétro-orbitaires, des nausées, des vomissements, des douleurs articulaires et musculaires, une éruption cutanée et/ou une fatigue intense.

La période d’incubation de la dengue est de 4 à 7 jours en moyenne et peut aller jusqu’à 14 jours. Le traitement de l’épisode aigu est antipyrétique et antalgique. « Il est cependant conseillé d'éviter les anti-inflammatoires non-stéroïdiens pouvant accroître le risque hémorragique » indique le Dr Mac Nab.

En effet, dans 1 à 5 % des cas symptomatiques, une forme sévère peut survenir et engendrer des hémorragies, pouvant aller jusqu’à engager le pronostic vital. Ces cas très rares surviennent généralement chez les patients ayant été infectés une première fois et avec des facteurs de risques (âge extrême, pathologies chroniques, grossesse, maladie de la drépanocytose). 

La prévention pour lutter contre la propagation du virus 

La prévention de la Dengue s’articule principalement autour de la lutte contre le développement des moustiques vecteurs du virus (élimination des eaux stagnantes) et de la prise de mesures protectrices individuelles (utilisation de répulsifs, port de vêtements longs et installation de moustiquaires). L'usage d'insecticides peut aussi être efficace, bien que leur utilisation excessive conduise à une résistance des moustiques, réduisant ainsi leur efficacité.


Par ailleurs, un vaccin, le Dengvaxia®, est disponible pour prévenir la Dengue sévère mais uniquement chez les individus âgés de 6 à 45 ans, ayant déjà été infectés par le virus, et résidant dans des zones endémiques. Il n’y a pas d’indication pour le voyageur.


« Avec l’afflux prochain de population à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, l’implantation du vecteur compétent sur le territoire et les conditions climatiques favorables entre mai et octobre, le risque de propagation du virus va probablement s’accroître. Une vigilance accrue durant cette période reste essentielle pour éviter son développement et sa transmission » conclut l’infectiologue. 

 

Un cas autochtone de dengue a été signalé, lundi 8 juillet, à proximité de Montpellier, par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. Il s’agit du premier cas en France métropolitaine depuis le début de l’année 2024, sur une personne « n’ayant pas voyagé récemment dans une zone de circulation du virus ».